Les parents distillent, les enfants trinquent.
Au mois de novembre 1913, MM. Emile Dubonnet et Welby Jourdan sont partis de Paris pour battre le record du monde de distance en sphérique ; ils sont descendus à Stanislawow (Galicie). Le hasard des courants aériens ayant poussé leur ballon au-dessus des ouvrages fortifiés de Cracovie, et cela tandis que le sphérique s'était établi à 600 mètres d'altitude, les deux aéronautes furent accueillis par une grêle de balles. Lors de leur atterrissage, MM. Dubonnet et Jourdan furent retenus trente-six heures à Stanislawow et gardés à vue. Au moment de partir, on ne les a autorisés à s'embarquer en chemin de fer, eux et leur matériel, qu'après avoir payé la note ci-après, acquittée par le commissaire de police : « Je certifie par la présente que MM. Emile Dubonnet et Welby Jourdan ont versé entre mes mains, à titre d'amende pour avoir contrevenu à la loi sur le passage de frontières (paragraphes 2 et 6. Recueil des lois 1912 du 20/12, n° 240, et paragraphe 36*) ainsi que les autres frais supplémentaires :
1° Pour les paysans de Wolotchynietz qui ont prêté main forte à l'atterrissage du ballon et aidé à son chargement. Couronnes, 37 50 ;
2° Gardiens militaires pour le dégonflement et enroulement et emballage du ballon, 42 ;
3° Camionnage à la gare, 8 ;
4° Rétribution de 6 gendarmes venus de la ville de Stanislawow et frais de voiture, 46 ;
5° Rétribution de 3 gendarmes de Woronikow et frais de voiture, 21 20 ;
6° Dédommagement au commissaire pour deux nuits 1/2 et frais de voiture, 40
7° Amende 50 couronnes, 100.
Total : Couronnes, 294 70.
Casimir Janicki, Commissaire de police. Stanislawow, le 17 novembre 1913 »
* En 1913, Stanislawow dépendait de l'Empire austro-hongrois.
L'article 2 dit exactement : Le vol avec un appareil dans une zone interdite est interdit. Je n'invente rien.
Source : Revue générale de droit international public, tome XX, 1913 (gallica.bnf)
Demain : Riri, Polo et Lino !
