Kévin Musset ignorait sans doute que "phalène" est un nom féminin ! nous dit Flora dans son commentaire d'hier.
– Ah ça mais... j'use de ma licence, réplique Alfred – oui Kévin se prénommait le plus souvent Alphonse ou Alfred* – , et j'en connais un autre, sans vouloir dénoncer...
– Si c'est celui à qui je pense... il a tort. Hugo a tort, assure Émile dans son Littré.
– Hugo ? Le Victor Hugo ? Faut que je vois ça, me dis-je.
Je vois. Et là... le Victor, il fait fort. Tantôt masculin, tantôt féminin. Comme ça l'arrange. D'avoir eu sa photo sur un billet de banque, ça permet toutes les libertés. Je cite :
Si j'avais, ô Madeleine, / L'œil du nocturne phalène (Ballades)
Les vices, ces taupes funèbres, / Le crime, ce phalène errant (Les Contemplations)
Les ténèbres, l'horreur, le spectre et le phalène (Les Contemplations)
grandes phalènes de ces lanternes géantes (L'homme qui rit)
La phalène y va. Dans quelle mesure est-elle responsable ? Le regard du feu fascine la phalène de même que le regard du serpent fascine l'oiseau. Que la phalène et l'oiseau n'aillent point là, cela leur est-il possible ? (L'homme qui rit)
Noël Parfait, un copain du Victor, lui écrit :
Nous nous occupons, nous autres, de savoir si le substantif phalène est masculin, féminin ou neutre ; si l'adjectif insondable est de ceux qui ne perdent rien à être répétés ; etc., etc.
C'est qui ce nous autres. Robert ?
Si c'est Robert**, il fait la synthèse :
PHALÈNE. n.f. (ACAD., LITTRÉ) ou n.m. (HATZFELD et de nombreux écrivains ; 1568 ; empr. gr. phalaina). [...]
Et donne en citation, Musset ("Le phalène doré, dans sa course légère, / Traverse les prés embaumés") et Colette ("L'aile d'un phalène grésille sur la flamme de la lampe et l'éteint presque.")
Merci Robert.
Avec un peu de chance, on aura peut-être une photo du phalène sur Taloupes ou le vol de la phalène dans un haïku des Pensées sauvages.
En attendant, ce vol de phalène (en bas, àdroite) dans la nuit.
* Si en plus, on nous embrouille ! (Julos Beaucarne)
** Le Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, 1973.