26 avril 2007
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Petit Poète commente le croquis du 26 avril par un extrait d'un poème de Charles Guérin que je livre in extenso.
Double regard chez Charles Guérin, de l'amoureux et du peintre. Celui du peintre : courbes, lignes, tracés, pleins, vides, ombres, lumières. Lui sert à décrire son désir.
J'ai de la sympathie pour deux vers - La courbe qui suspend à l'épaule ton sein / emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin - qui décrivent assez précisément la pensée de la main* qui trace.
S'il n'était pas mort en 1907, Charles Guérin aurait 100 ans de plus cette année.
* Ne commentez pas. C'est pensé et à dessein.
Double regard chez Charles Guérin, de l'amoureux et du peintre. Celui du peintre : courbes, lignes, tracés, pleins, vides, ombres, lumières. Lui sert à décrire son désir.
J'ai de la sympathie pour deux vers - La courbe qui suspend à l'épaule ton sein / emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin - qui décrivent assez précisément la pensée de la main* qui trace.
Tu sommeilles ; je vois tes yeux sourire encor. Ta gorge, ainsi deux beaux ramiers prennent l'essor, se soulève et s'abaisse au gré de ton haleine. Tu t'abandonnes, lasse et nue et tout en fleur, et ta chair amoureuse est rose de chaleur. Ta main droite sur toi se coule au creux de l'aine, et l'autre sur mon cœur crispe ses doigts nerveux. Ce taciturne émoi flatte ma convoitise. Ta bouche est entr'ouverte et ton souffle m'attise et le mien qui s'anime agite tes cheveux. Vivant sachet rempli de nard, de myrrhe et d'ambre, tu répands tes parfums irritants dans la chambre. Je te respire avec ivresse en caressant, comme un sculpteur modèle une onctueuse argile, ton corps flexible et plein de jeune bête agile. La lumière étincelle à tes cils, et le sang peint une branche bleue à ta tempe fragile. La courbe qui suspend à l'épaule ton sein emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin. Ta peau ferme a le grain du marbre et de la rose ; et moi je dis tout bas, pendant que je repose mon regard amoureux sur tes charmes choisis : "La gazelle couchée au frais de l'oasis n'est pas plus douce à voir que la femme endormie, et les lys du matin jalousent mon amie." Charles GUÉRIN, Le Cœur solitaire, Mercure de France, 1921 |
Nu, 2007, craie et fusain sur papier Kraft, 80 x 100 cm
S'il n'était pas mort en 1907, Charles Guérin aurait 100 ans de plus cette année.
* Ne commentez pas. C'est pensé et à dessein.