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on voit la poule.
Picoter son pain dur.
Sec. Fait soif.
Picoti picota.
Lève le coude
et puis s'en va.
Tendresse ou soumission. Allez savoir.
Elles adorent qu'on leur gratte la niche à poussière de la nuque. L'échine aussi. Partout.**
* Une autre photo de Michèle : Ondulé
** Michel Ots, Plaire aux vaches, Atelier du Gué, 1994
![]() ![]() ![]() ![]() | Jean Bertrand, notre talentueux lecteur, nous livre ses petits secrets de réalisation. J'ai choisi les illustrations parmi 128 photos doubles-pages qu'il m'a adressées. - Toutes de ce même vert innommable ? - Eh oui...* - Cette prolifération d'images est effrayante... - ** Mes astuces Pour ma part, je n'utilise pas d'hélicoptère, n'ai pas besoin d'appareil photo sophistiqué ni de contrats avec de grandes multinationales du pétrole et du gaz... Je refuse aussi de donner des leçons aux terriens et terriennes... Cette série s'est faite à pied, d'une hauteur de un mètre soixante-dix : on y voit un marais aux méandres d'algues envahissantes, algues proliférantes grâce à l'activité nocive de maïsiculteurs gavés de subventions européennes. C'était l'astuce de Jean Bertrand pour le blog Ahoui... * Soupir. ** Soupir. |
À peine, Topa, dans son dernier commentaire, évoque-t-il Jean-Pierre Brisset* que Jean Bertrand m'adresse cette photo de grenouille verte, acompagnée du petit texte ci-contre. Je vous livre tout. Demain, on en saura plus sur Jean Bertrand et ses méthodes de travail. * Occasion de signaler le petit ouvrage de Jean-Pierre Brisset paru aux éditions Mille et une Nuits : La Grande Nouvelle ou Comment l'homme descend de la grenouille. Pas cher et parfait pour entrer dans l'univers de ce fou littéraire - selon l'expression de Queneau. | D'algues elle se prélasse, molle et verte elle s'étale l'odeur est vase et son champ reste d'eau quand le marais la porte... quand le marais l'apporte là. Jean Bertrand |
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() | Dans un très ancien village, accroché par le temps, au flanc d'une montagne, vivaient des villageois qui avaient conquis une terre, une terre de pierre et de roches au milieu de laquelle, dans une cuvette, s'accumulaient suffisamment des limons des pluies qu'il était devenu possible que quelques plantes y poussent. De génération en génération, chacun, chacune avait fait son choix, construisant sa qualité. Le tailleur de pierre sculptait la dureté en lui donnant la rondeur d'une meule pour presser l'huile. Sa compagne façonnait ses plus beaux pavés pour la construction des soubassements de maisons qui attendaient le bois pour grandir. Le grand diable brun savait piler la roche qu'utilisait le laveur de peau, la rendant douce et fine, prête à la couture. Une grande fille était fournisseur des bains, son savon récurait la crasse et la fatigue. Le bûcheron devait descendre dans la vallée pour remonter, au cul des mules, les troncs qui restaient à scier en bastings et autres planches. Chacun et chacune attendait le travail de l'autre pour habiter sa vie et y mettre dessus un toit. Quelques niais, laissés à leur liberté, qui pourtant s'efforçaient de grandir, plantaient et butaient, taillaient et faisaient fructifier les racines dans les cuvettes laissées par le labour des roches. Petit à petit, cette société se nourrissait, grandissant de roche en bois, de légumes en beauté. Chacun s'accommodait du travail des autres sur lequel personne n'avait d'avis. Chacun travaillait dans son espace, dans son labeur échangé immédiatement quand la nécessité s'imposait. Pierre et pousse, cette assemblage voyait la vie de tout un chacun s'améliorer. Quand survint un émissaire de la vallée. Il était entouré d'une grande cohorte de cavaliers aux chevaux habitués des chemins de traverse. Les pieds des canassons étaient sûrs, ils franchissaient les pires cailloutis. Imaginez, pour ces villageois habitués à ne point se parler, à travailler côte à côte, heureux de ne point s'obliger à se dire leurs particularités, comment ils accueillirent cette armée si belle et si forte. Une armée qui avait conquis les chemins escarpés menant au village ! Imaginez ! D'un fait la surprise fut totale. Les centaures parlaient, haut et fort : ils interpellaient tout et chacun, bannissant l'un, et alors l'autre trouvait qu'ils avaient raison. Pourtant dans chaque métier, quelques-uns s'époumonaient à ne pas comprendre l'engouement de certains, parfois les meilleurs des siens, à soutenir les ukases des seigneurs chevalés. Un temps, chacun se réunit autour d'une longue table de pierre couverte de peaux de bêtes, sur laquelle de grands plats de terre contenaient tant et tant de légumes et de fruits que parfois certains tombaient à terre. Mais rien n'y fit : à la fin du repas, les chevaliers emportèrent la forgeron, le tailleur de pierre, la cultivatrice, l'utile fabriquant de savon, le besogneux poinçonneur des lilas, les emmenant délivrer dans la vallée leurs habilités et leurs savoirs. De ce jour commença le lent déclin des richesses de ce village dans la montagne. Cela prit du temps, en fait peu de temps. Juste un peu plus de temps que ce qui fut nécessaire, pour les chevaliers, de faire de leurs obligés de nouveaux esclaves. Gravures sur bois tirées de Art de chevalerie, Francfort, 1616 |