Sans qu'on en connaisse précisément la raison, le 13 mai est le jour consacré au grondin.
Aujourd'hui, traitons donc du grondin. Dans le tome XI des Descriptions des arts et des métiers faites ou approuvées par messieurs de l'Académie royale des sciences de Paris, Jean Élie Bertrand nous apprend que : « Tous les auteurs & les pêcheurs parlent d'une espèce de ronflement ou de mugissement que font les poissons qu'on a nommés pour cette raison grondins. Les uns prétendent qu'ils font entendre ce bruit lorsqu'ils sont dans l'eau rassemblés par bande, & même quelques instants après qu'ils sont sortis de l'eau; d'autres soutiennent que ce mugissement n'est sensible que quand on les tire de l'eau ; c'est, disent-ils, un cri plaintif qu'on peut comparer à celui que font certains animaux terrestres qui mugissent, comme l'on dit, entre leurs dents : quelques-uns comparant ce bruit à celui des porcs, ont pour cette raison nommé ces poissons grogneux ou grognauds. Je ne vois pas quelle ressemblance il peut y avoir de ce mugissement avec le chant de l'oiseau nommé coucou ; néanmoins comme ce bruit fait quelquefois cou qui étant répété fait coucou, quelques-uns ont nommé le grondin cuculus.» Je n'ai pas trouvé de photo présentable du poisson. Ce rare instantané de coucou femelle prêt à se poser fera tout aussi bien l'affaire.
Coucou femelle – Benet (85), mai 2012 – Photo Maïette
J'avais demandé à Dominique l'autorisation de publier un de ses haïkus illustrés pour accompagner une courte présentation de son portfolio Calendrier*. Dans sa grande magnanimité, le poète m'en laissait le choix.
Emporté par ma relecture d'une partie de ses écrits, j'ai finalement pris le sujet par un autre angle (billet d'hier). Néanmoins, dans la mesure où la moindre idée me demande une énergie considérable, où je ne suis jamais sûr de me renouveler quotidiennement, je recycle l'idée initiale. D'autant que j'ai déniché une toile de Carolus-Duran** dont on pourrait penser qu'elle a été peinte d'après le haïku de Dominique qui suit.
ma jeune voisine – une enveloppe en guise d'éventail
* Dominique Borée, Calendrier, l'Atelier de Groutel éditeur, 2012 (voir article du 9 mai).
** L'Espagnole après le passsage de la malle-poste, huile sur toile, 1870, musée de Valenciennes.
Chaque jour, sur son blog, Minik Do égrène ses pensées sauvages. – Les pensées domestiques aussi. Il lui arrive même de me choisir comme sujet, nous confie sa chatte. Ça commence dans l'odeur du café fumant*, puis le regard se porte vers la fenêtre. Il y a toujours un pinson, une mésange, une feuille morte pour l'intéresser. À le lire, on suit ses parcours dans sa ville. Nez au ciel pour déchiffrer l'écriture des nuages ou des avions. Nez dans le caniveau pour un dernier hommage aux confettis. Œil sur le reflet d'une vitrine, le remou d'un plan d'eau, une araignée, un seneçon. Oreille qui recueille des confidences dans un café... Tous les sens en éveil. Doigt sur le déclencheur du Kodaque. La photo éclaire – ou non – le poème.
La forme est brève. On parle de haïku. Ce n'est pas un gros mot**.
Pour sa collection Choisi, Jacques Renou en a retenu une soixantaine qu'il a amoureusement imprimés en typographie sur un beau papier. Les fines linogravures de Thierry Gaudin jouent en contrepoint des poèmes.
J'ajoute que l'ami Jean-Claude Touzeil ouvre le portfolio. Le passage de l'écran au papier, du caractère calibré du logiciel au caractère de plomb, de la photo à la linogravure... nous font redécouvrir l'univers de Dominique Borée***.
Et, sans parler de la subtile odeur de l'encre, ceci a quelque chose de réjouissant.
Photo Jacques Renou
Dominique BORÉE, Calendrier Portfolio composé en caractères mobiles en plomb Tirage limité à 55 exemplaires signés. 32 pages. 15 linogravures originales de Thierry Gaudin. Avant-lire de Jean-Claude Touzeil, après-lire de Jacques Renou. + un petit bonus de Thierry Gaudin.
Disponible à l'Atelier de Groutel, 25 Groutel, 72610 CHAMPFLEUR.
18 € + port 1 €. Chèque à l'ordre de l'Atelier de Groutel.
En plus de remuer la poussière, les déménagements sont l'occasion de faire remonter de vieilles histoires. Ici, il s'agit plutôt d'une image. Insolite au milieu de sachets de graines.
Dans son courriel que je cite en grande partie, Alain Boudet nous interpelle sur un acte de vandalisme commis à la Suze, "village en poésie".
« Les promeneurs du chemin poétique ont eu une surprise. Désagréable, disons-le comme cela. Un poème a disparu de son support. Une autre balise poétique a, elle, été arrachée du sol et vraisemblablement jetée à la rivière, toute proche. Les poètes que l'on pouvait lire sur ces deux balises s'appellent Maram al Masri et Salah al Hamdani. Les dix autres poèmes et balises du parcours sont intacts. Voilà. Je m'interroge sur les raisons qui ont amené une ou des personnes à faire ces gestes. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elles ont peut-être quelque chose à voir avec la tendance au rejet, à la xénophobie, au refus voire à la haine de l'autre, surtout quand il vient d'ailleurs. Et ma volonté est grande de contrecarrer cette négation de l'être.»
Maram al-Masri est une poète syrienne qui vit en France depuis une trentaine d'années. Elle écrit en arabe et en français.
Bras dessus bras dessous J'ai amené un cheval dans mon royaume Je l'ai bien astiqué pour lui ôter sa solitude Et ses peurs Sur sa patte gauche une blessure Et dans le cœur un trou
Géricault, Cheval arabe de profil vers la gauche
Salah al-Hamdani, poète et homme de théâtre d'origine irakienne, vit lui aussi en France depuis une trentaine d'années. Sur son blog – Ce qu'il reste de lumière –, le courriel d'Alain Boudet dans son intégralité.
Défilé du 1er Mai au Mans – Photo Jean-Pierre Milard
Peintre et sculpteur, Jean-Pierre Milard use de l'appareil photo avec humour et talent. Aucune de ces qualités n'étant exclusive de l'autre et réciproquement.