Bidouilles graphiques, plastiques & poétiques de Yves Barré
Le Dictionnaire de Furetière nous apprend que jouer aux noix est un jeu très ancien. Quand on y joue, on doit faire tenir dans une fossette à certaine distance un certain nombre de noix qu'on jette avec la main.
Si le jeu a disparu des cours d'écoles ou d'immeubles, il se pratiquait encore en Bretagne au XIXe. Bescherelle aîné relate qu'avant l'âge de puberté, le jeu de noix est rarement joué en commun par les deux sexes. Mais alors on voit souvent des garçons de seize à dix-huit ans se faufiler dans une partie de noix qu'ont formée des filles du même âge. Ils y sont poussés par la nature, non pas malgré eux, mais sans qu'ils sachent quel penchant les entraîne. Bientôt une sorte d'instinct leur conseille, comme un moyen de faire leur cour et de plaire, d'être malheureux à ce jeu et de perdre gaiement leurs mises. Il en est peu qui manquent à cette perte volontaire, dont l'amour fait son profit. C'est un nouveau chapitre ajouté, dans l'Armorique, à l'art d'aimer ; cependant on n'y connaît guère Ovide ni Gentil Bernard.*
– Hé la nature, faut pas pousser, je r'tire mes billes.
* L'Instruction popularisée par l'illustration, sous la direction de Bescherelle aîné, chez Gustave Havard, Paris, 1851