À Cécile
On va penser que je bégaie.
On a déjà vu l'image !
Si c'est comme ça, on ne viendra qu'un jour sur deux...
Qu'on se détende et apprécie la nuance.
Et à propos de bégaiement, lisons le savoureux rapport d'un inspecteur après sa visite de l'école de E...., dans le canton d'Abbeville, en Somme :
« Les conseillers municipaux récusent cet instituteur comme incapable de gérer à cause de son bégayement. Je l'ai fait lire, calculer, corriger des devoirs devant ceux mêmes qui l'accusaient, en leur disant de signaler toutes les fois où il hésiterait. Il a lu, calculé, corrigé sans hésiter le moins du monde. Ils ont été forcés de convenir qu'il n'avait pas bégayé une seule fois ; cependant, ils n'en persistent pas moins dans l'intention de le faire sortir. Il y a là-dessous des haines et des manœuvres cachées qu'il faudrait éclaircir avant d'user de rigueur contre lui. Le comité a mandé l'instituteur d'E...., l'a fait parler et lire, l'a examiné avec soin, et a reconnu que le bégayement prétendu n'est qu'une hésitation légère et momentanée, et que le motif secret de la plainte formée contre lui, c'était qu'il n'avait pas assez de voix pour chanter au lutrin !!! »*
* Tableau de l'Instruction primaire en France, d'après les rapports adressés au ministre de l'Instruction publique par les 490 inspecteurs chargés de visiter toutes les écoles de France, à la fin de 1833. Paris, 1837.