8 juin 2009
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Printemps poétique de la Suze – juin 2009
Reflet dans la vitrine du Cochon rose. On retrouve une œuvre connue et un inédit.
Le mirlababi m'a occupé un temps – il pleuvait.
Des auteurs qui attribuent la comptine à Hugo Victor, Delaporte Victor fait fort :
« [...] ceux-là seulement sonnent juste, qui ont quelque chose à dire, qui savent le dire, et qui veulent le dire. Les autres savent faire du bruit ; ils métamorphosent leurs syllabes en grelots colorés : et leur musique peinte rappelle une strophe de Hugo dans les Misérables ; car Hugo, fut, à ses heures, un décadent de première force : et jamais décadent et symboliste n'ont fait une plus belle musique peinte. Voici la strophe, qu'on peut chanter sur l'air des Dix fléaux :
Surlababi, mirlababo,
Mirliton, ribon, ribette ;
Mirlababi, surlababo,
Mirliton, ribon, ribo.
Mirliton, ribon, ribette ;
Mirlababi, surlababo,
Mirliton, ribon, ribo.
Et remarquez, je vous prie que, tout en alignant ces sottises sonores, Hugo est artiste ; aux syllabes fortes, en bo, vraies notes de trombone, il mêle une petite note de flûte, une syllabe faible, en bette, pour la variété et le repos de l'oreille. Alors même qu'il déraisonne, Hugo n'oublie point la valeur musicale et le jeu des consonances. Il joue comme un aveugle, mais non pas comme un sourd.»*
Remarquez, je vous prie, que les vers ne sont pas disposés dans l'ordre de l'original.
Tellier Jules était plus sobre, mais un tantinet irrespectueux :
« La théorie de l'art pour l'art est inapplicable. Si elle a été appliquée jamais, ce n'est que dans cette strophe mémorable du vieux Hugo (qui fut, à ses heures, le plus audacieux des Décadents)
Surlababi, mirlababo,
Mirliton ribon ribette,
Mirlababi, surlababo,
Mirliton ribon ribo. »**
Mirliton ribon ribette,
Mirlababi, surlababo,
Mirliton ribon ribo. »**
À suivre.
* Victor Delaporte, De la Rime française, ses origines, son histoire, sa nature, ses lois, ses caprices – Desclée de Brouwer et Cie, 1898, p. 224-5
** Jules Tellier, Nos poètes – A. Dupret (Paris), 1888, p. 45
source : gallica.bnf.fr