Anatole, tu t'es surpassé le jour où tu as écrit ça :
« Jusqu'à ce jour, jusqu'à eux, la guerre atroce, épouvantable, gardait, du moins encore parmi les nations formées sur les ruines de l'empire romain, un visage d'homme, quelque chose qui, dans sa fureur même, rappelait le grec ingénieux ou le rude latin, inventeurs de tous les arts de la paix et de la guerre. La guerre avait ses lois, sa mesure ; des classiques comme Napoléon y pouvaient exercer leur génie. Les Allemands ont ôté à l'art des armes tout ce qui lui restait encore d'humain. Ils avaient tué la paix ; ils tuent la guerre. Ils en font un monstre qui ne peut vivre : il est trop laid.
Debout pour la dernière guerre ! À l'œuvre ! Courage! Ô Grande-Bretagne, reine des mers, toi qui aimes la justice, ô sainte Russie, géante au cœur infiniment tendre, ô belle Italie que mon cœur adore, ô Belgique héroïque et martyre, ô fière Serbie, et toi France, ma chère patrie, et vous, nations qu'on entend au loin apprêter vos armes,
étouffez l'hydre et demain vous sourirez en vous tenant par la main dans l'Europe délivrée.»*
* Anatole France, Sur la voie glorieuse, 1915