
Guy Allix rognant Solitudes
Le petit salon du livre de poésie de Durcet, c'est aussi un formidable espace de créativité. Guy Allix démontre sur son stand la technique du rognage à la carte Vitale*. Simplicité et efficacité... mais qui lit encore Sully Prudhomme, premier prix Nobel de littérature ? – Nous ! (Chœur des lecteurs et lectrices de Ahoui).
Première Solitude
On voit dans les sombres écoles
Des petits qui pleurent toujours ;
Les autres font leurs cabrioles,
Eux, ils restent au fond des cours.
Leurs blouses sont très bien tirées,
Leurs pantalons en bon état,
Leurs chaussures toujours cirées ;
Ils ont l'air sage et délicat.
Les forts les appellent des filles,
Et les malins des innocents ;
Ils sont doux, ils donnent leurs billes,
Ils ne seront pas commerçants.
Les plus poltrons leur font des niches,
Et les gourmands sont leurs copains ;
Leurs camarades les croient riches,
Parce qu'ils se lavent les mains.
Ils frissonnent sous l'œil du maître,
Son ombre les rend malheureux.
Ces enfants n'auraient pas dû naître,
L'enfance est trop dure pour eux !
[...]
Sully Prudhomme, Tendresses et Solitudes, Lemerre, Paris, 1920
* Une carte bancaire fait le même usage pourvu qu'on ne soit pas à découvert. Guy Allix sur Internet
quelque part entre silence et fureur